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ASHÛRÂ LE SENS D’UNE CÉLÉBRATION (Par Abdoul Azize KEBE)






ASHÛRÂ LE SENS D’UNE CÉLÉBRATION (Par Abdoul Azize KEBE)
Depuis quelques années, à l’approche de chaque Tamxarit, (Âshûra) on assiste à une campagne médiatique contre la célébration traditionnelle de cet événement de l’Islam. Pour ce courant, farouchement opposé à la célébration de Tamxarit, Âshûrâ est un jour de deuil et non de célébration festive, comme nous avons l’habitude de le faire ici et dans d’autres pays musulmans.

Le premier argument exposé par les contradicteurs est qu’en Islam, il n’y a que deux fêtes : celle du sacrifice (Tabaski) et celle de fin de Ramada (Korité). Sans vouloir entretenir de polémique, nous estimons qu’il n’y a aucun mal, à ce que les musulmans célèbrent un jour qui marque un événement de haute portée dans la trajectoire triomphale de leur histoire. Car aucun texte, que je sache, ne l’interdit. Or, il est historiquement avéré que l’hégire fut un événement majeur dans le triomphe de l’Islam, après des années de marginalisation, d’embargo, d’exaction et d’émigration. Il fut le début de la phase ascendante de l’islam en Arabie puis dans le monde entier. Il est utile de remonter l’histoire pour une bonne compréhension de l’événement et de l’attitude des uns, partisans de la célébration festive de ‘Âshûra et des autres qui militent contre.

Âshûra, c’est le 10e jour de Muharram qui est le 1er mois du calendrier musulman. Il est important de rappeler les circonstances qui ont présidé à la célébration de Ashûra (Tamxarit) qui, à l’origine était une célébration juive. Les sources renseignent qu’à son arrivée à Médine en 622, le Messager d’Allah avait trouvé que la tribu israélite de Khaybar qui y résidait observait un jeun. C’était pour eux l’occasion de rendre grâce à Dieu pour avoir délivré leurs ancêtres des conditions dans lesquelles les avaient maintenus le Pharaon à l’époque du Prophète Moïse . C’était aussi l’occasion, pour eux, de solliciter la rémission de tous les péchés commis au cours de l’année et d’expier tous les torts causés à autrui. D’autres récits affirment que c’était une célébration païenne chez les arabes, particulièrement Quraysh. Selon cette hypothèse, ces derniers observaient un jeûne et recouvraient la Kaaba pour la circonstance .
Cependant les récits les plus récurrents, les plus sérieux et les plus convergents, si l’on en croit la majorité des savants musulmans, penchent pour la première thèse beaucoup plus plausible. Selon la tradition islamique, le Prophète avait recommandé́ aux croyants musulmans de jeûner ce jour à l’instar des Israélites de Médine.

Les compagnons, perplexes devant cette décision de perpétuer un rite juif s’en sont ouverts au Prophète qui leur répondait qu’il était plus proche, lui, de Moïse que ne l’étaient les Israélites . Depuis, le Prophète Psl a jeûné ce jour et les compagnons avec lui. Mieux, dans un hadith réputé authentique rapporté par Nasâ’î dans Sunan al-Kubrâ, il a déclaré que jeûner ce jour, ‘Âshurâ (Tamxarit), absout les péchés de l’an passé et jeûner le jour de ‘Arafat efface ceux de l’an passé et de celui qui pointe. Par ailleurs, Ibn ‘Abbâs raconte, dans un hadith rapporté par Bukhârî, Muslim, Ahmad et Nasâ’î, qu’il n’a pas souvenance que le Prophète eût à manifester autant d’entrain à jeûner un jour, par préférance à un autre, qu’il le fît pour ce jour, Âshûrâ et le mois de Ramadan . A la fin de sa vie, il avait émis le vœu de jeûner le 9e jour en plus de ‘Âshûra pour se distinguer de la célébration juive.

Mais il ne survécut pas. C’est pour cela que les oulémas recommandent de jeûner le 9e jour en plus de ‘Âshûra. Certains estiment qu’il est nécessaire de coupler ‘Âshûra à un jour avant ou après pour se distinguer de la tradition juive.

Le jeun du 10e jour de Muharram, est une tradition bien ancrée dans le milieu musulman sur la base de hadiths authentiques et de la pratique constante du Prophète Psl. Au demeurant, les savants ont même discuté le caractère obligatoire ou non de ce jeun. Nawawî raconte dans son livre al-Majmu’, cité par Sharabâsî : « Nos condisciples ont divergé à propos du jeun de Ashûra. Était-il obligatoire au début de l’islam ? A-t-il été abrogé par la suite ou bien n’a-t-il jamais été obligatoire ? Ce qui est clair dans les propos de Shafi’î c’est qu’il n’a jamais été obligatoire. D’autres ont par ailleurs prétendu que c’était obligatoire. C’est le point de vue de Abu Hanîfa ». On s’aperçoit ici qu’il y a divergence entre Shâfi’î et Abu Hanîfa sur le caractére obligatoire. Ce qui signifie qu’on s’accorde au moins sur la pratique. Sur un autre plan, il est rapporté de ‘Aisha que : “Le Prophète PSL avait ordonné de jeûner ‘Ashûra avant que le jeun de Ramadan ne fût obligatoire. Lorsqu’il fut obligatoire, celui qui désirait jeûner ‘Ashûra le faisait, et celui qui ne désirait pas le faire ne jeûnait pas “. Ceci conforte la pratique de la majorité des oulémas qui considèrent le jeun de ce jour comme une sunna et non une obligation. Sur ce, nous pouvons affirmer que jeûner Tamxarit est bien une sunna qu’il faut perpétuer pour engranger des hasanâts qui se multiplient avec les actes de dévotion et de bienfaisance qui l’accompagnent comme nourrir des pauvres, répandre la joie autour de soi, etc.

Si la célébration de ‘Âshura est une réappropriation d’une action de grâce et de reconnaissance de la miséricorde d’Allah pourquoi aujourd’hui marque-t-il une fracture au sein de la Ummah ? C’est vrai qu’il y a des événements douloureux qui ont coïncidé avec le 10e jour de Muharram. Mais est-ce suffisant pour créer un nouveau récit à la place de l’historique et authentique célébration réglementée par le Prophéte Psl ? Pour les Shî’a, Ashûra est une date ensanglantée par la mort tragique du petit-fils du Prophète Psl, Hussein Rta à Karbala. Mais ce douloureux événement qui a marqué l’histoire de l’Islam et qui affecte tous les musulmans est intervenu 60 ans après la venue du Prophète Psl à Médine et 50 ans après sa mort. Durant tout ce temps, Âshûra a été célébré par lui et ses compagnons dans la dévotion.

Le fait que Hussein Rta, fut dramatiquement tué le jour de Tamxarit ne suffit pas, à nos yeux et nous basant sur les principes de jurisprudence islamiques, pour imposer un deuil perpétuel pour l’ensemble de la Ummah, ce jour. Ce qui est à célébrer sans conteste c’est ce que le Prophète Psl a pratiqué et recommandé qu’on pratiquât. Au demeurant, si les musulmans devaient commémorer, sous forme de deuil, toutes les morts tragiques des personnalités de premier plan, une année entiére pourrait ne pas suffire. Rappelons que parmi les quatre califes orthodoxes, un seul a expiré de mort naturelle : Abu Bakr.

Les autres sont tous morts tragiquement, assassinés. Au demeurant, c’est pour ne pas tomber dans un perpétuel revival de douloureux événements qui ont opposé les musulmans à une lointaine époque que, dans le Mâlikisme, on s’abstient de prendre parti dans le différend intervenu entre eux. Cela n’empêche pas que les descendants du Prophète Psl, les Chérifs comme nous les appelons, soient objets de tous les honneurs dans notre pays.

Avant de terminer, on peut se poser des questions sur le caractére carnavalesque de ‘Âshûrâ. A ce niveau, il est utile de savoir que l’appropriation des rites et des pratiques religieuses peut épouser des formes éloignées des traditions originelles. Car les peuples en se convertissant acclimatent certaines pratiques. C’est le cas du Baawnaan, les priéres pour favoriser la pluie. C’est certainement le cas avec Tamxarit.

A ce propos, il me semble que le carnaval de Tamxarit, Taajabóon, soit une pratique à classer dans la famille des mascarades de ‘Âshûra en cours dans le Maghreb. Loin d’être un simple amusement, comme toutes les mascarades, il s’agit d’un espace de jeu de rôle pour mieux mettre en relief les règles, les interdits par cette « inversion des normes de la vie quotidienne » dans les costumes, les masques et par le discours.

Il est vrai que les religieux ne supportent pas les carnavals et mascarades. Car, dans leur immédiate apparence, ils transgressent les normes et semblent défier les habitudes et ce qui est conçu comme raisonnable par la société. Et c’est la raison pour laquelle, faute de pouvoir l’interdire, ils donnent du contenu au rituel du jeu. Les paroles des enfants dans Taajabóon sont de cet ordre. C’est un rappel des piliers de l’Islam, une invite à la constance dans les pratiques canoniques et une projection sur le devenir de l’individu dans le cas de l’observance ou de l’inobservance. Certainement, nos anthropologues et sociologues se sont penchés sur ces aspects liés à la tradition et leurs significations.

En conclusion, nous trouvons sur la base de l’histoire authentique en Islam que ‘Âshûra n’est point un jour de carnaval ni de deuil. C’est un jour de célébration par la dévotion comme l’enseigne la pratique du Prophète Psl. Ceci dit, personne ne peut empêcher une communauté de commémorer cette journée par un revival d’une tragédie vécue. Tout comme personne ne peut empêcher des musulmans d’offrir à leurs familles des moments de bonheur durant ce jour en plus des dévotions. Rien ne l’interdit sauf à vouloir prolonger des contradictions politiques d’un autre âge et d’un autre milieu. Et là conformément à la régle rappelée supra, nous nous abstenons de prendre parti.

Qu’Allah nous inspire l’esprit de ‘Âshûra tel que le Prophéte l’a enseigné, une quête de pardon, la construction d’un environnement joyeux autour de nous et une préparation à des dispositions positives pour l’année qui se profile.


Abdoul Azize KEBE







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Dimanche 23 Août 2020






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