Décès de Dr. Fatou GUEYE SOW de la Cellule Zawiya Tidjaniyya : Une Symphonie Inachevée




Il pleure dans nos cœurs ; un être cher vient de nous être arraché. La grande faucheuse, cette compagne sournoise, a encore frappé. Et Dr. Fatou GUEYE SOW s’en est allée répondre à son Seigneur, nous laissant orphelins. Seigneur, que Ta volonté soit faite ! Puissions-nous être gratifiés de l’endurance si caractéristique des gens de foi ! Le choc passé, l’on se met à remémorer les tranches de vie partagées avec la défunte. Alors des gestes, des attitudes, des paroles se bousculent dans nos têtes, tous pleins de noblesse et d’élégance morale, de respect et d’amour du prochain, de combativité et d’engagement pour la Religion et la tijaniyya, qu’elle aura, toute sa vie durant, défendues et illustrées, enseignées et expliquées, par la plume, le verbe et l’action.



Oui, c’est sans doute cet engagement qui aura décidé Fatou GUEYE à aller s’inscrire au département d’arabe de la faculté des lettres de l’UCAD. Elle n’aura eu cesse de pousser chaque jour plus loin les limites de sa graduation et de ses connaissances. En dépit des contraintes matrimoniales et familiales, parfois même professionnelles, elle aura fait preuve de beaucoup d’abnégation et de volonté pour mener de front travail de recherches et de rédaction : mémoires de maîtrise et de DEA et thèse de 3ème cycle. Tous ont porté sur la tijaniyya et la famille de Seydi El Hadji Malick SY, leurs vie et œuvre, tous encadrés par l’autorité en la matière, le professeur Ravane MBAYE. Recrue de fraîche date de l’UCAD, elle s’était signalée déjà par sa grande volonté et sa disponibilité hors norme à se mettre au service de ses étudiants. Ceux-là, pas ingrats pour un sou, lui ont décerné récemment, un diplôme de reconnaissance, moyen pour eux de saluer et de rendre hommage à leur complice.

Le décès de Dr. Fatou GUEYE sonne comme une symphonie inachevée. Elle avait beaucoup d’ambition intellectuelle et avait une soif inextinguible de connaissances. Elle passait tout son temps à apprendre et à faire de la recherche. Le prof. Ravane a révélé hier qu’elle s’était inscrite pour la thèse d’Etat et aurait pu finir dans deux ans.

Au plan de son engagement confrérique, Fatou GUEYE a été une grande militante de la cause tidiane. Membre de la D.E.T (Dahira des Etudiants Tidianes), de la Cellule Zawiya tijaniyya, du GREIS ( Groupe de Rencontres et d’Etudes sur l’Islam et la Société), elle s’était révélée comme un élément mobilisable et mobilisée. Toujours prête à aller au charbon. A la veille du Gamou de Tivaouane, nous avons été tous les deux invités sur le plateau de Canal infos, dans le cadre de la communication sur cet évènement majeur, ses thématiques et innovations. Elle avait pris part à la dernière rencontre tournante des anciens de la D.E.T et c’est elle-même qui avait introduit la dernière conférence du GREIS, sur le thème de la femme en Islam. Le week end dernier, elle était au Congrès de la Jeunesse Tidiane dont elle s’occupe depuis toujours des expositions aux côtés de son complice Cheikh Tidiane NIANG, ou des étudiants. Hier, après qu’on l’a portée sous terre, Abdoul Hamid SY al amin rappelait qu’il y a bientôt dix ans, exactement en 2002, lors des préparatifs du Colloque du Centenaire du Gamou, alors qu’il n’y avait pas encore un seul sou vaillant dans les caisses, elle avait mis à la disposition du Comité d’Organisation 800.000 (huit cent mille francs), produit d’une tontine, ajoutant ceci : « S’il y a de l’argent après, vous me remboursez, sinon def naako sama tarbiya ». Voila une preuve par l’exemple qu’elle fut un modèle de femme de convictions et de désintéressement matériel. C’est aussi cela qui ressort du témoignage de son mari.

Avoir vécu juste une quarantaine d’années, et de manière aussi bien remplie de bonnes actions, avoir cultivé aussi parfaitement les relations humaines, avoir vécu aussi intensément sa foi musulmane et sa spiritualité tidjane, avoir mobilisé autant d’hommes et de femmes de valeur, reconnus pour leur conformité à la sunna, pour ses adieux… tout ceci incite à l’optimisme que « yâ uhtî », tu n’auras pas vécu pour rien, que tu compteras parmi ceux à qui le Seigneur des deux mondes promet une seconde vie, dans Sa proximité et la jouissance de Ses grâces.

Tu es partie, mais heureusement, pas les mains vides. Tu as reçu le satisfecit de ton mari, de tes deux parents et de tes amis, de tes confrères, collègues et étudiants. Dors en paix ! Adieu Fatou !

De la part de ton complice, celui que tu aimais à appeler : « yâ ahî !»

Issa FAYE
Membre de la Cellule Zawiya tijaniyya et du GREIS.



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Samedi 9 Juillet 2011