Les Imams de Dakar s’accordent sur les heures de prières




A partir du 31 mai prochain, se sont des questions autres que celles relatives aux heures de prières qui pourraient être sources de division au sein de la communauté musulmane sénégalaise. En effet, si la démarche initiée par le Centre d'études, de recherches et de formation sur l'Islam (Cerfi), dirigé par le Pr Rawane Mbaye, aboutit, un consensus sera trouvé et ayant trait à l’un des piliers de la religion musulmane, en l’occurrence, la prière.



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Selon un communiqué émanant de ladite organisation, les initiateurs d’un tel projet travaillent, actuellement, d’arrache-pied, aux fins d’amener les leaders d’opinion, dans le domaine religieux, à s’accorder sur les heures de prières. ‘Une centaine d’Imams de la région de Dakar vont se retrouver pour revisiter les heures des prières selon les enseignements du Prophète de l’Islam (Psl) et bâtir un consensus sur les modalités de s’organiser pour donner une image encore plus unie de l’Islam au Sénégal’, renseigne le communiqué. Cette rencontre aura lieu le 31 mai 2011, à l’occasion d’un séminaire dont le thème est : ‘Les heures de prières d’après les sources de la Shari’a’.

Pour baliser le terrain, l’ancien Commissaire général au Pèlerinage à la Mecque a réuni le 14 mai dernier un comité préparatoire comprenant une vingtaine d’Imams. Parmi ces derniers, il y avait Serigne Abo Mbacké, Seydou Nourou Tall, Imam Diabel Ndiaye de Mermoz, Mouahamed Lamine Sané de Dieuppeul et les communicateurs Taib Socé et Cheikh Bitèye. Selon le communiqué, Rawane Mbaye a rappelé à ses pairs que ‘les heures des cinq prières quotidiennes auxquelles les musulmans sont astreints ne sont pas fondées sur l’interprétation (Ijtihad) mais sur des ordres divins transmis au Prophète Mohammad par l’Ange Jibril’. De ce fait, soutient l’Imam de la rue Blanchot du Plateau, celles-ci ne sont pas susceptibles d’interprétation. ‘Par dix fois sur deux jours consécutifs, l’Ange est venu diriger la prière du Prophète, une première fois au début de l’heure et une seconde fois à la fin de l’heure, ce qui a permis de fixer la période de prédilection d’acquittement de la prière (Muxtaar), qui est plus courte que la période pendant laquelle la prière est admise pour une personne ayant un empêchement légal (Darura)’, a rappelé Rawane Mbaye.

Les discussions soulevées lors de cette rencontre préparatoire donnent un avant-goût du caractère scientifique que devraient revêtir les débats entre les imams de Dakar à l’occasion de leur prochain séminaire. Selon les membres du comité préparatoire, il est, par exemple, définitivement établi que la prière de Tisbaar doit se faire entre le moment où ‘le soleil décline’, donc entre 12h 55 et 13h 25, selon la période de l’année, et le moment où l’ombre de toute chose est égale à sa taille. ’Ce qui pose, d’ailleurs, un questionnement sur la fixation a 14h 15 de l’heure de la prière du Tisbaar quelle que soit la période de l’année. En fait, il s’agit là d’une décision de l’autorité coloniale après le changement de fuseau horaire à Dakar pendant la seconde guerre mondiale. Ainsi, croyant que ce sont les autorités religieuses qui avaient décidé de faire passer la prière des environs de 13 heures à 14h 15, les fidèles s’y cramponnèrent et cela continue jusqu'à aujourd’hui’, rapporte le communiqué.

Pourquoi les imams de Dakar seulement ?

Si l’initiative consistant à chercher un consensus sur les heures de prière mérite d’être saluée, l’on ne peut, cependant, s’empêcher de s’interroger sur la logique du choix des personnes devant mener la réflexion. Le communiqué édifiant sur le projet porté par le Pr Rawane Mbaye rapporte que celles qui ont été choisies pour y réfléchir sont exclusivement les imams de Dakar. Pourquoi une telle démarche ? Les imams de Dakar sont-ils représentatifs des Oulémas du Sénégal ? A défaut d’un représentant par département, pourquoi n’a-t-on pas convié les autres régions du pays pour donner un caractère national à la rencontre du 31 mai prochain au siège de Cerfi ?

Au-delà de cette démarche discriminatoire, il y a lieu de se demander si certaines familles maraboutiques très à cheval sur leurs convictions religieuses et non moins influentes ont été ‘travaillées’ pour accepter les conclusions qui seront issues de la rencontre initiée par le Cerfi. En effet, chez nous, selon qu’on est à Touba ou à Médina Baye, l’on ne prie pas aux mêmes heures.

Aguibou KANE

Wal Fadjri

Asfiyahi.Org
Lundi 23 Mai 2011