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18 Safar 1214 H – 18 Safar 1439 H - CHEIKH AHMED TIJANI CHERIF (RTA) « Al Khoutboul Maktoum » : « le Pôle Caché » Ses plus célèbres Disciples au Sénégal




Il y a plus de 200 ans, le 18ème jour de Safar 1214, CHEIKH AHMED TIJANI CHERIF (RTA), le fondateur de la voie soufie, la « Tariqah Tijaniyah », accédait par la grâce du Seigneur des mondes (SWT), au grade de la « Katmiyah », la station spirituelle unique du « Pôle Caché » dans la hiérarchie des Saints : le « Pôle Caché » est l’intermédiaire spirituel entre les Prophètes (Pse) et les Walis (Rta). Il était alors âgé de 64 ans.



Cette année, le 18 Safar 1439 coïncide avec le mercredi 8 novembre 2017.
Un mois auparavant, le 12ème jour de Mouharam 1214 H, il avait atteint le grade de la « Khatmiyah », le rang suprême du « Sceau des Saints ».

A l’âge de 46 ans, il avait déjà reçu la « grande ouverture » lors d’une retraite spirituelle en pleine journée à Abou Semghoune, un village du Sud algérien : il vit, à l’état de veille, le Prophète (PSL) qui lui enseigna son « wird » et lui dicta les conditions que comportait sa Voie.

Il devint dès lors le dépositaire de la Voie spirituelle du Prophète lui-même (PSL), voie qui renferme en elle toutes les autres voies : c’est la « Tariqah Ahmadiya, Mouhamediya, Ibrahimiya, Hanifiya ». Les vertus attachées à cette Voie sont innombrables.

Cheikh Ahmed Tijani Cherif (RTA) quitta ce monde le 17 Shawal 1230 (un jeudi 21 septembre 1815) à l’âge de 80 ans. Il fut enterré dans le jardin qui jouxtait les murs de la zawiya bénie de Fès. Par la suite, au fur et à mesure de son agrandissement, cette parcelle fut incluse dans les murs de la zawiya.

Au Sénégal, pour mieux appréhender la dimension spirituelle de Cheikh Ahmed Tijani Cherif (RTA), il faudra remonter l’histoire et s’attarder sur le souvenir de certaines des grandes figures islamiques du pays, qui sont ses disciples et se réclament de sa noble Voie. L’on peut nommer El Hadji Omar Foutiyou TALL (RTA), Cheikhou Ahmadou BA (RTA), Maba Diakhou BA (RTA), Seydil Hadji Malick SY (RTA), Mame Abdoulaye NIASS (RTA) et Cheikh Ibrahima NIASS (RTA), pour ne citer que ceux-là.
 
 
 

EL HADJI OMAR FOUTIYOU TALL (RTA)

 
El Hadji Omar Foutiyou TALL (RTA), Codda Adama Aïssé, le grand mystique de Halwar, est né un vendredi 12 février de l’an 1796 dans le Fouta-Toro (au Sénégal). Il a disparu mystérieusement un vendredi 12 février de l’an 1864 dans les falaises de Bandiagara (au Mali). En effet, El Hadji Omar avait déclenché la « guerre sainte » en Afrique de l’Ouest, alors qu’il était âgé de plus de 55 ans – l’âge du Prophète de l’Islam (PSL) quand il débutait la « jihad » à Médine. En l’espace de 12 ans, il bâtit un « empire musulman » de 300.000 km², plus d’une fois et demie la superficie du Sénégal.

Ce grand Combattant de la cause de l’Islam occupe une position privilégiée dans la Tijaniyah : il fut le premier Calife noir de cette Voie pour le Soudan Occidental.

C’est à Horé Fondé que le nouveau Calife de la Tijaniyah avait fait sa célèbre déclaration, alors qu’une délégation de Gaya – un village du Walo situé sur la rive gauche du fleuve Sénégal – venait de lui remettre des présents dont un pagne tissé ayant appartenu à une dame du nom Fatimata WELLE, plus connue sous le nom de Fawade WELLE.

Dès qu’il reçut le pagne, El Hadji Omar se leva, le déplia et s’adressa à l’assistance en ces termes : « Ô gens du Fouta », qui répondit en chœur : « Oui, Tall ! ». Et le cadet de Sokhna Adama Aïssé de continuer comme suit : « Quiconque viendra de l’est ou de l’ouest, du nord ou du sud, en quête d’un maître spirituel qui pourrait le guider sur le chemin menant vers DIEU, retournera un jour vers le fils de la propriétaire du ce pagne. Car c’est lui qui continuera l’œuvre que j’’ai commencée ! Et il portera le flambeau loin, très loin, jusqu’au gros rocher que j’aperçois là-bas sur l’océan (on dit que c’est l’île de Ngor !). Grâce à son action, tout le pays sera transformé en linceuls blancs destinés aux séances de « wazifa » durant lesquelles sera psalmodiée la « salatoul fatihi lima ouhliha », l’une des meilleures prières dites sur le Prophète de l’Islam (PSL) ».

El Hadji Omar venait ainsi de proclamer que son successeur serait le fils de la dame Fawade WELLE, alors qu’il n’était pas encore né !
 

CHEIKHOU AHMADOU BA (RTA)

 
Cheikhou Ahmadou (RTA) ne doit pas être confondu avec Ahmadou Cheikhou (RTA) Lamidé Dioulbé le fils aîné d’El Hadji Omar.

Cheikhou Ahmadou BA, lui, est le fils aîné de Amadou Hamet BA (RTA), plus connu sous le pseudonyme de « Mahdiyou Ba », qui est le condisciple d’El hadji Omar TALL dans la Tijaniyah, car ayant reçu l’initiation au « wird » le même jour que lui, des mains d’Abdoul Karim DIALLO (RTA) du Fouta Djallon (Guinée). Ce dernier a reçu son initiation de Sidi Maouloud FALL (RTA), un mauritanien que Cheikh Ahmed Tijani Cherif (RTA) avait surnommé « Abou Souhoud » (l’Etoile polaire), alors qu’ils ne s’étaient jamais rencontrés dans ce monde.

Sidi Maouloud FALL « Abou Souhoud » a reçu son initiation de Cheikh Mouhamdoul Hafiz (RTA), un autre mauritanien de la tribu des « Ida ou Ali » (les descendants d’Ali). Cheikh Mouhamdoul Hafiz a été initié au « wird » par Cheikh Ahmed Tijani Cherif en personne, qui l’éleva en même temps au rang de Calife de la Voie.

Il faut, au demeurant, signaler qu’El Hadji Omar avait été initié, pour la première fois, au « wird » par Abdoul Karim DIALLO, bien avant sa rencontre avec Sidi Mouhamed EL GHALI (RTA), à Médine la ville lumineuse du Prophète (PSL), qui l’éleva au rang supérieur de Calife, sur injonction de Sidina Cheikh (RTA), le fondateur de la Voie.

A la disparition de Mahdiyou BA, le « promotionnaire » d’El Hadji Omar dans la Voie et fondateur du village de Wouro Mahdiyou situé près de Podor, le vendredi 5 septembre 1862, son fils aîné Cheikhou Ahmadou BA prit le flambeau et entreprit avec ses frères accompagnés de milliers de fidèles, une « jihad » (guerre sainte) qui le conduisit au Cayor, au Ndiambour, au Baol et surtout au Djolof dont il se rendit maître durant cinq bonnes années (1870 à 1875).

Celui que l’on surnomma le « Tidiane » opposa une résistance farouche à la conquête coloniale.
Le 11 février 1875, il fut vaincu à Samba Sadio par une coalition dirigée par les français.
L’un de ses plus célèbres disciples, Serigne Amary Ndack SECK (RTA), reprit le flambeau sur instruction du maître, après sa disparition. Il fonda le village de Thiénaba Seck, sur la route de Diourbel.

MABA DIAKHOU BA (RTA)

 
MABA DIAKHOU BA (RTA) est un disciple d’El Hadji Omar TALL (RTA). Il est né en 1809 dans le Badibou, une province vassale du Royaume du Saloum. Son père Ndiogou BA est un marabout originaire du Fouta-Toro qui est venu s’installer au Saloum.

Après une formation islamique reçue au Cayor puis au Djolof, Maba Diakhou BA retourna au Saloum et commença à prêcher pacifiquement la religion musulmane, avec l’accord des souverains du Saloum, des Tiédos de religion animiste, comme la majorité des habitants du Saloum.

En 1846, El Hadji Omar Foutiyou TALL (RTA), en visite au Saloum, rencontra Maba Diakhou BA dans la localité de Kabakoto. Il lui conseilla alors de faire la « guerre sainte » au Saloum – mais en ne s’attaquant pas au Sine. Selon la tradition, il lui répétait : « Maba, laisse le Sine ! » (Maba bayil Sine).
Maba Diakhou BA commença la guerre sainte dans sa province natale, le Badibou.

En 1861, il se rendit maître du Badibou, qu’il renomma « Rip » et s’autoproclama « Almamy » du Rip. Il renomma également la ville de Paos-Dimar, « Nioro du Rip », en l’honneur de son maître El Hadji Omar TALL, qui avait conquis « Nioro du Sahel », au Soudan (actuel Mali).

En 1865, Maba décida d’attaquer d’autres provinces du Saloum, en incendiant plusieurs villes dont Kahone, la capitale du Saloum. Il se rendit alors maître d’une partie de la province du Ndoucoumane.
La même année, Maba offrit l’asile à Lat Dior, Damel du Cayor, et à son neveu Alboury Ndiaye du Djolof, tous deux en difficulté face aux colons français. Il proposa à Lat Dior de se convertir à l’Islam ; celui-ci accepta et s’engagea à aider Maba dans sa guerre sainte. Maba souhaitait voir naître un Etat islamique allant du Fouta au Saloum, raison pour laquelle il attaqua avec Lat Dior et Alboury, le Cayor, le Baol et le Djolof. Ainsi Maba espérait que ceux-ci, une fois installés dans leurs royaumes respectifs, pourraient y instaurer l’islam, pour, par la suite, créer ensemble un Etat islamique. Leurs projets échouèrent devant la menace des colons français.

A l’instigation de Lat Dior, qui voulait se venger de l’affront que lui avait fait subir le Roi du Sine en refusant de l’accueillir durant son exil, Maba Diakhou BA déclencha la guerre contre le Sine - malgré l’injonction de son maître El Hadji Omar de ne pas s’attaquer au Sine.

En juillet 1867, Maba, Lat Dior et Alboury marchèrent avec leur armée jusqu’au marigot de Fandane où devait s’engager la bataille de Somb-Thiouthioune. La bataille fut rude face aux Sérères animistes dirigés par Bour Sine Coumba Ndoffène Famak DIOUF.

Lat Dior et Alboury, sentant que la bataille risquait de tourner au désastre, en bons stratèges, conseillèrent à Maba d’abandonner et d’opérer un repli stratégique ; mais Maba refusa : il voulait mener la guerre sainte contre les Sérères. Lat Dior et Alboury se retirèrent. Maba Diakhou BA, l’Almamy du Rip, fut tué à la bataille de Fandane- Thiouthioune, communément appelée la « bataille de Somb ».

Maba Diakhou BA sera enterré près du village de Fandène. Son mausolée – qui figure sur la liste des sites et monuments historiques classés – se trouve dans l’arrondissement de Diakhao, département de Fatick.

SEYDIL HADJI MALICK SY (RTA)

18 Safar 1214 H – 18 Safar 1439 H - CHEIKH AHMED TIJANI CHERIF (RTA)  « Al Khoutboul Maktoum » : « le Pôle Caché » Ses plus célèbres Disciples au Sénégal
 
Seydil Hadji Malick SY (RTA) est le fils de Fawade WELLE de Gaya, la dame du pagne tissé. El Hadji Omar Foutiyou TALL (RTA) avait proclamé qu’il serait son successeur, bien avant sa naissance.
Seydil Hadji Malick SY (RTA) serait né en l’an 1274 de l’Hégire à Gaya. L’an 1274 coïncide avec l’année 1858 dans le calendrier Grégorien ! L’histoire écrite et la tradition orale confirment cette date !
Seydil Hadji Malick SY (RTA), plus connu sous le pseudonyme de Maodo, vécut 66 ans.  
Il effectua le pèlerinage à l’âge de 31 ans. Il est resté ensuite plus de deux ans sur les lieux saints de l’Islam afin d’en remonter les origines. Il nous en est revenu non seulement avec le titre d’El Hadji - que la postérité retiendra ! -  mais également et surtout avec un cadeau inestimable, c’est-à-dire « un islam originel, authentique, pur et dépouillé des scories de l’associationnisme, de l’obscurantisme et du fanatisme ».

Lorsque Mame Maodo sentit que « son heure avait sonné » pour se consacrer à la diffusion du message de l’Islam dans son pays, le Sénégal, il constata qu’il était solitaire dans sa nouvelle mission. Beaucoup de ses devanciers et contemporains marabouts ne répondaient plus à l’appel dans le pays : certains avaient été combattus et tués dans des confrontations avec les forces coloniales ou avaient vu leurs daaras (écoles coraniques) fermés ; tandis que d’autres avaient été déportés dans des contrées lointaines ou avaient pris sur eux-mêmes l’initiative de s’exiler dans un pays anglophone voisin.

Devant cette situation et vu l’urgence, Maodo Malick SY (RTA) décida que le premier volet de sa stratégie serait consacré à la formation des hommes qui devraient le seconder dans sa nouvelle mission.
 
Pour dispenser cette formation, il alla s’installer dans la campagne de Ndiarndé, près de Kelle, où il ouvrit un « séminaire de formation de haut niveau » - on aurait parlé aujourd’hui de « séminaire de formation des formateurs » - qui dura sept ans.

Il y forma plus de deux cents érudits.

Après leur formation, il éleva certains d’entre eux au grade de « Moukhadams » (Représentants). Il les envoya ensuite s’installer à l’intérieur du pays, dans les coins les plus reculés, et dans la sous-région. C’est cette politique de décentralisation que le Professeur Mbaye THIAM, ancien Directeur de l’Ecole des Bibliothécaires, Archivistes et Documentalistes de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (EBAD), appelle la « géostratégie mailikienne de la moukhadamiya ».

Seydil Hadji Malick SY (RTA) délivra à ses Moukhadams répartis à travers tout le pays, une « feuille de route » dans laquelle il leur fixait comme missions, entre autres :
  • la construction d’une ou de plusieurs mosquées ;
  • l’ouverture de « daaras » pour y enseigner les sciences islamiques ;
  • la création de champs collectifs.
Ainsi, en peu de temps fut réalisé un important réseau de mosquées, de daaras et de champs collectifs dont Tivaouane constitua le centre.
 
Après Ndiarndé, Seydil Hadji Malick SY (RTA) s’installa définitivement à Tivaouane. Il y institua le « Gamou ».

En vérité, Mame Maodo avait trouvé que ses devanciers marabouts célébraient bien le « Mawlid » - l’anniversaire de la naissance du Prophète de l’Islam (PSL) –, mais dans l’intimité de leurs concessions. D’ailleurs, Mame Maodo avait, lui-même, eu à célébrer le « Mawlid » dans les mêmes conditions, à Saint-Louis, avec Mame Rawane Ngom (RTA) de Mpal.

Le mérite du Sage de Tivaouane aura été de sortir l’évènement des « concessions » pour le porter sur la place publique, en lui donnant un cachet populaire et festif.

Pour marquer la grandeur de l’événement, il lui donna le nom de « Gamou », une appellation empruntée à la culture païenne « ceddo ». Le premier Gamou a été célébré à Tivaouane en 1902 (1320 H).

Après Tivaouane, Seydil Hadji Malick SY (RTA) devait prolonger son prosélytisme sur Dakar.
A Dakar, Mame Maodo construisit sa troisième « zawiya » après celles de Saint-Louis et de Tivaouane. Comme il l’avait commencé à Ndiarndé, le maître de la zawiya de Dakar institua la pratique de la « wazifa » deux fois dans la journée, le matin et le soir ; alors que les chartes de la Voie imposent la « wazifa » une fois dans la journée, le matin ou le soir.

Ce qui nous permet d’affirmer que, chez Seydil Hadji Malick SY (RTA), « la dualité l’emporte sur l’alternative ».

Le même constat est établi lors de la « Khadratoul Joumma » ou « Haylalah ».
A Fès, berceau de la Tijaniyah, la « Haylalah » est dite avec la formule achevée « LAA ILAAHA ILLA LAAH ! », du début jusqu’à la fin ; alors qu’à Tivaouane, on commence la « Haylalah » avec la formule achevée et on la termine, en apothéose, avec la formule singulière « ALLAH ! ALLAH ! »
Seydil Hadji Malick SY (RTA) avait réussi à instaurer son propre courant, et à faire de Tivaouane, un grand foyer de la Tijaniyah, à partir duquel ce nouveau courant s’était propagé dans tout le pays, et même au-delà.
 

MAME ABDOULAYE NIASS (RTA)

 
Mame Abdoulaye NIASS (RTA), l’ancêtre de la famille Niasse, serait né en l’an 1848 (1264 H), dans le Djolof. Son père Sidi Mouhamadou NIASS avait émigré dans le Saloum, à Nioro du Rip, pour répondre à l’appel à la « jihad » de Maba Diakhou BA, l’Almamy du Rip. Le père de Mame Abdoulaye fonda le village de Niassène dans le Rip ; tandis que Mame Mor Anta Sally, le père de Cheikh Ahmadou Bamba - le fondateur du Mouridisme -, fondait le village de Porokhane.

Quelques années plus tard, Mame Abdoulaye devait rejoindre son père dans le Saloum, pour participer à la résistance de l’Almamy du Rip contre la colonisation française. Il y fonda le village de Taïba Niassène.

En 1880, Mame Abdoulaye rompit avec la lutte armée pour se retirer dans son village de Taîba où il se consacra à l’enseignement et à l’agriculture.

En 1890, il effectua le pèlerinage à la Mecque.

Vers 1894, à la suite de difficultés survenues avec Mandiaye BA, le neveu de Maba Diakhou (le fils de son frère Mamour Ndary), il s’exila, une première fois, en terre gambienne pour une durée de quatre ans. De retour au Sénégal, il continua paisiblement à se consacrer à ses activités spirituelles jusqu’en 1901. A cette date, le chef de canton de Nioro et l’administration l’accusèrent à tort d’être l’instigateur d’une émeute dirigée contre les français ; en réalité, Mame Abdoulaye avait refusé d’envoyer ses enfants à l’école française. Le village de Taîba fut détruit, sa mosquée brûlée et ses biens confisqués. Il s’exila à nouveau en Gambie, avec une partie de ses disciples. C’est durant cet exil qu’il se rendra au Maroc.

Pour le voyage au Maroc, il était accompagné de son fils aîné Mouhamadou NIASS (RTA), plus connu sous le pseudonyme de Khalifa NIASS, le père de Sidy Lamine NIASS du groupe Walfadjri, qui devait se rendre en pèlerinage aux lieux saints de l’Islam. Ils prirent le bateau des lignes anglaises à Bathurst (Gambie) jusqu’à Las Palmas (Iles Canaries) ; de là, ils se rendirent à Tanger au Maroc, où leurs routes se séparèrent car Mame Abdoulaye devait se rendre à Fès.

Pour marquer la détermination de Mame Abdoulaye, il faut souligner les difficiles conditions dans lesquelles s’est effectué son voyage : nous étions en fin d’année (1910), il neigeait dans cette partie du nord du Maroc et le saint homme qui souffrait de rhumatisme, était âgé de 64 ans, l’âge de Cheikh Ahmed Tijani Cherif (RTA) quand il a atteint les deux stations uniques dans la hiérarchie des saints, la « Khatmiyah » et la « Katmiyah ».

A Fès, Mame Abdoulaye devait rencontrer l’Imam Cheikh Ahmed Soukayrij, un grand Moukhadam de la Tijaniyah. Ce dernier le chargea d’une mission auprès de son « jumeau astral », Seydil Hadji Malick SY (RTA). C’est la raison pour laquelle Mame Abdoulaye, au retour, transita par le Sénégal, plus précisément à Tivaouane.

A Tivaouane, Mame Maodo accueillit Mame Abdoulaye avec tous les honneurs dus à son rang et à son nouveau statut, en lui dédiant un poème. Il le retiendra à Tivaouane pendant plus de trois mois, le temps d’engager les formalités nécessaires pour le retour définitif de Mame Abdoulaye au Sénégal.

Selon le témoignage de Cheikh Ibrahima NIASS (RTA), fils cadet de Mame Abdoulaye, Mame Maodo avait chargé l’ancien Député et Avocat, Me Carpot, de rédiger une correspondance adressée au Gouverneur du Sénégal à Saint-Louis, dont l’objet était une demande d’autorisation de rentrer définitivement au Sénégal ; et toujours selon Baye NIASS, la demande était initiée au nom de Mame Abdoulaye par Mame Maodo, à son insu.

Une fois que la demande a été transmise, avec avis favorable, au Commandant du cercle de Kaolack, et avec instruction ferme de ne pas laisser Mame Abdoulaye retourner en Gambie, Mame Maodo raccompagna son hôte jusqu’à Gossas en lui recommandant, une fois à Kaolack, d’aller rendre une visite de courtoisie au Commandant de Cercle.

Arrivé à Kaolack, Mame Abdoulaye fut accueilli par Serigne Abdoul Hamid KANE (RTA), le Moukhadam de Mame Maodo dans la localité. Il le raccompagna chez le Commandant de Cercle. Ce n’est qu’arrivé sur place que Mame Abdoulaye aura compris les raisons pour lesquelles Mame Maodo l’avait retenu pendant tout ce temps à Tivaouane. En réalité, celui-ci avait entamé des démarches auprès des autorités administratives pour le retour définitif de celui-là dans son pays d’origine.

Mame Abdoulaye s’installa définitivement à Kaolack dans un nouveau quartier qu’il nomma « Léwna » (ceci est licite !), et où il s’adonna à l’enseignement. Il aura vécu 76 ans (1264 – 1340 H). Son mausolée se trouve dans ce quartier.

Mame Abdoulaye et Mame Maodo - ces « deux Généraux de Cheikh Ahmed Tijani Cherif (RTA) » - ont été rappelés à DIEU (SWT) le même mois de la même année : « juin 1922 » (le mercredi 14 juin pour Mame Abdoulaye et le mardi 27 juin pour Mame Maodo).

A la disparition de Mame Abdoulaye, son fils aîné Mouhamadou NIASS surnommé Khalifa NIASS reprit le flambeau de la famille Niassène.
 

CHEIKH IBRAHIMA NIASS (RTA)

 
Cheikh Ibrahima NIASS (RTA), plus connu sous le pseudonyme de « Baye », serait né avec le siècle en 1900 (1318 H), à Taïba Niassène, le village fondé par son père, Mame Abdoulaye NIASS (RTA), dans le Rip.

Après une solide formation coranique et en sciences religieuses auprès de son père qui fut le seul maître avec lequel il ait appris, Cheikh Ibrahima NIASS enseigna dans les écoles de Kaolack, Kossi et Taïba sous la direction de son frère Mouhamadou NIASS. A l’âge de 21 ans, il écrit son premier ouvrage « le sens des bonnes manières ». 

C’est en 1929, l’année de la grande crise économique que Cheikh Ibrahima NIASS va se proclamer « médiateur de la grâce (fayda) promise par Cheikh Ahmed Tijani Cherif (RTA) ».  

Le concept de « fayda » renvoie à l’idée de diffusion de la grâce. Cette grâce qui, selon Cheikh Ibrahima NIASS, permet de diffuser l’initiation spirituelle « tarbiya » réservée auparavant exclusivement à un nombre limité d’initiés, à tous ceux qui le désirent.

L’année 1937 marque un tournant décisif dans la vie de Cheikh Ibrahima NIASS. C’est à cette date qu’il se rend en pèlerinage à la Mecque pour la première fois. Il y fera la rencontre de l’Emir de Kano (Nigéria), Abdullahi Bayero ; une rencontre qui non seulement transformera sa vie, mais entraînera une redistribution des cartes dans le champ confrérique ouest-africain. Abdullahi Bayero, après avoir renouvelé son affiliation à la Tijaniyah auprès de Cheikh Ibrahima NIASSE, l’invita à lui rendre visite au Nigéria. Ce qu’il fit, non pas en 1937 mais en 1946, soit neuf ans après le pèlerinage. La guerre qui a eu lieu entre-temps a dû l’empêcher d’effectuer le voyage.

Grâce à son action éducative et à l’intensité de son prosélytisme, Baye NIASS voit s’organiser autour de lui un mouvement transnational de talibés répartis entre le Nord du Nigéria, lieu par excellence de son rayonnement, le Ghana, le Niger, le Togo, le Libéria, la Sierra Leone, le Tchad, le Cameroun, la Gambie, la Mauritanie et la région du Sine Saloum.  

Cheikh Ibrahima NIASS avait fortement encouragé l’éducation des femmes, et ses filles ont fréquenté et mémorisé le saint Coran au sein des mêmes écoles religieuses que les hommes. Aussi affirmait-t-il : « En matière de connaissances, les femmes devraient rivaliser avec les hommes ».
Baye NIASS rencontra de grandes figures politiques tels que Gamal Abdel Nasser, président de l’Egypte, et le panafricaniste Kwamé Nkrumah avec qui il était très lié, ou Mao Zedong de Chine.
Cet homme multidimensionnel qui a participé à tous les débats relatifs à l’islam aussi bien au Sénégal, en Afrique que partout dans le monde, est un grand voyageur devant l’Eternel. Sidi Barhama s’est ainsi fait remarquer dans divers pays comme le Nigéria, l’Arabie Saoudite, la Chine, le Ghana, le Maroc, l’Egypte, la France, l’Angleterre, la Belgique, l’Indonésie, le Pakistan.

Le titre de « Cheikh al Islam » (Guide de l’Islam) lui a été attribué par l’Université « Al-Azhar » d’Egypte.
Cheikh al Islam El Hadji Ibrahima NIASS (RTA) a été rappelé à Dieu à Londres le 26 juillet 1975 (un samedi 17 du mois de Rajab de l’an 1395 de l’Hégire). Il aura vécu 77 ans (1318 – 1395 H), soit un an de plus que son père.

En définitive, il faut souligner qu’à l’heure actuelle, les disciples de Cheikh al Islam se comptent en centaines de millions d’adeptes regroupés dans un mouvement transnational, et répartis à travers tous les pays du monde entier.

Ce mouvement semble avoir été, dans une large mesure, une revanche des jeunes. Que ce soit les Haidara de Ségou au Mali, les cadets de la famille de Mouhamdoul Hafiz des Ida ou Ali du Trarza en Mauritanie, les Sakho de Boghé dans le Fouta-Toro, les Salga au Nigéria, les jeunes constituèrent souvent les porteurs idéologiques et les relais du mouvement de Cheikh al Islam dans leurs différents pays. L’attrait de ce mouvement s’expliquerait en grande partie par le fait qu’il prônait une plus grande « démocratisation du sacré ».
 
En conclusion, il faut noter que l’énumération des principaux disciples du « Pôle Caché » au Sénégal, n’est pas exhaustive.

En réalité, la Tijaniya a enregistré beaucoup de ramifications dans notre pays, après les précurseurs. Comme le précisait Amadou Makhtar SAMB dans son ouvrage « Introduction à la Tariqah Tidjaniyya », les rameaux ont surgi naturellement parce que la souche était vigoureuse et la terre favorable. Les foyers de la Tijaniyah se sont donc multipliés grâce à l’initiative de grands hommes.
L’on peut citer Hamet Baba TALLA (RTA) de Thilogne dans le Fouta-Toro, Mouhamadou BARRO (RTA) le père de Thierno Mansour BARRO (RTA) de Mbour, Mouhamadou Saïd BA (RTA) de Médina Gounass dans le sud du pays, El Hadji Abasse SALL (RTA) de Louga, les Héritiers d’El Hadji Omar avec Thierno Seydou Nourou TALL à Dakar et Thierno Mountaga Daha TALL (RTA) à Louga, les enfants de Cherif Younouss Aïdara (RTA) de la Casamance, les Héritiers de Cherif Hamahoullahi (RTA) avec le Calife Cheikh Tahirou DOUCOURE de Malicounda.
 
 
Cheikh Tidiane CAMARA
Colonel des Douanes en retraite
 

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Mardi 7 Novembre 2017






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1.Posté par fall le 09/11/2017 13:50 | Alerter
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