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No. 6 [EN ROUTE VERS TREVISO] ROLE DU GUIDE RELIGIEUX DE TYPE NOUVEAU






I. ROLE DU GUIDE RELIGIEUX DE TYPE NOUVEAU

En écrivant ces lignes, je prends la pleine mesure de mon devoir de témoignage, de présence, d’incandescence spirituelle et de prégnance dans un monde où tant de lumières sont éteintes, dans une société qui a soif de paroles vraies, où « la détresse religieuse est non seulement l’expression de la détresse réelle mais protestation contre cette détresse », pour que cette forme de spiritualité musulmane qui est le soufisme soit la « chaleur d’un monde sans cœur et l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu ».

A. GUIDE RELIGIEUX COMME FACTEUR DE CHANGEMENT DEMOCRATIQUE

Tous les observateurs ont mentionné le rôle que des ordres soufis ont joué pour la stabilité de la société sénégalaise d’aujourd’hui. Dans l’ABC, de l’Islam, Mohammed Arkoun, Professeur émérite d’histoire de la pensée islamique, à la Sorbonne, (mon ancien maître) remarque que : « Dans certains cas, comme le Sénégal, deux confréries sont enracinées depuis si longtemps qu’elles conservent des fonctions de premières importances dans les rapports entre l’Etat et la société civile. Ces deux confréries, dont l’histoire remonte dans le passé, n’ont pas connu les vicissitudes politiques qui ont marqué, disqualifié beaucoup d’autres ailleurs ; elles conservent donc une autorité morale et spirituelle qui rehausse la légitimité, qu’elles peuvent éventuellement conférer à l’Etat, et le sens des valeurs qu’elles maintiennent dans la société civile ».

« Je souligne ce fait, car les confréries sont une source importante pour l’exploration d’une longue période de changement de l’Islam comme religion, comme école de doctrines et comme instance de référence à toutes les classes, catégories et groupes sociaux ».

Ce retour du religieux constaté partout devrait nous inciter à renouer avec la dimension spirituelle de la révolution soufie et de redonner au monde le « cœur purifié qui lui manque ».

Revisiter également la dimension démocratique du soufisme qui refuse l‘inégalité et l’injustice en répondant à cette question insistante qui taraude nos consciences et traverse nos débats : quelle relation les ordres soufis dans leur dynamique essentielle doivent-ils entretenir avec la gestion et l’organisation de la société musulmane en générale et de la société sénégalaise en particulier ?

Les confréries ont-elles une mission d’orientation globale des hommes et des femmes comme citoyens libres et socialement organisés ? D’une manière plus générale les religieux ont-ils un rôle spécifique à jouer dans la construction du Sénégal et dans son développement ou doivent-ils se limiter au culte. Quelle conscience politique attend-on du marabout ou du prêtre pour sortir le monde de sa crise actuelle ?

Nous avons essayé, tout au long de cette présentation, de répondre, à notre manière, à ces questions. Mais ces réponses ouvrent un autre débat : celui du rôle politique des marabouts.

En effet trop de mensonges, trop de négligences, trop d’intérêts partisans, trop de compromissions, trop de collisions d’une certaine élite confrérique avec le pouvoir politique. Il y a une indignité à sacrifier la vérité ou trahir la parole de Dieu sous l’autel d’on ne sait quels avantages et privilèges matériels périssables. Tout cela finit par convaincre beaucoup que la politique est sale et immorale, qu’elle signifie d’emblée, tromperie, duperie, tricherie, trahison, vaines promesses, lieu d ‘hypocrisie ou de haines réciproques. Le pouvoir politique serait utilisé comme instrument d’enrichissement personnel, meilleure échelle d ‘ascension sociale et économique, moyen d ‘accéder à un gisement alimentaire, à un butin que les détenteurs du pouvoir doivent conserver à tout prix. Ainsi certains chefs d’Etat s’accrochent au pouvoir même si leur incapacité à diriger et leur impopularité ne font aucun doute. Autant de raisons qui font que certains voient, d’un mauvais œil, des marabouts, qui doivent être des modèles, s’engager en politique. Je ne partage pas ce point de vue.

Il n’est pas conforme à la conception que j’ai du rôle du marabout : devoir de présence, dans un pays qui, a soif d’éthique de justice, d’état de droit.

Il n’est pas conforme non plus à notre histoire telle que relatait plus haut.
Il n’est pas conforme à l’attitude des autres religions.

En effet, la complicité de certains religieux contraste avec l’attitude de la hiérarchie catholique qui, à travers ses Lettres pastorales, devient plus incisive dans ses prises de position et s’efforce, au moins, de trouver des solutions pour sortir notre pays de l’enlisement.

Et pourtant, la politique peut cesser d’être « un monde » d’ambition égoïste, de mensonge, de tricherie, de violence verbale et physique, en un mot un jeu malpropre ; si seulement, elle est exercée par des hommes et des femmes qui se vouent au bien de tous, avec sincérité et droiture et aussi avec l’amour et le courage que requiert la vie politique = se dévouer au bien de ceux qui vivent dans la polis (cité) travailler non pas à son propre bonheur mais à celui de la communauté. Aristote l’avait bien perçu naguère Son Ethique à Nicomaque montre de fait que, si le bien individuel est désirable, le bien du peuple et de la cité l’est encore plus : ce bien là selon le philosophe grec a un caractère plus beau et plus divin.

Que penser d’un homme comme Desmond Tutu, évêque de l’Eglise anglicane et lauréat du Prix Nobel de la Paix en 1984. Cet homme de religion a joué un rôle décisif avec d’autres concitoyens sud-africains dans la destruction du système abject de l’apartheid, à travers de nombreuses marches pacifiques, dans les rues du Cap pour s’insurger contre les restrictions sur les partis politiques, ou pour la libération de militants emprisonnés, ou à l’extérieur, pour dénoncer le sort de ses frères noirs.

Partout, la religion et ses hommes deviennent incontournables dans la lutte pour la démocratie, l’équité et le bien-être des populations, qu’assument également et de fort belle manière des hommes comme Nelson Mandela qui a su traduire ses principes dans sa magnifique et combien prémonitoire déclaration, pendant son procès de Riviona en 1964 qui lui a coûté 27 ans de prison. « I have cherished the ideal of democratic and free society in which all persons live together in harmony and with equal opportunities. It is an ideal which i hope to live for and achieve. But if needs be, it is an ideal for qhich I am prepared to die”. Declaration ouvrant et pouvant clore notre conference!

Le besoin se fait sentir d’une nouvelle morale qui régisse les relations politiques.
Et le cheikh Youssouf Qardawi dans Religion et Politique le théorise ainsi, ce besoin :

أنه لا انفصال للسياسة عن الدين ، ولا للدين عن السياسة . وأن من الخير أن يدخل الدين في السياسة فيوجهها إلى الحق ، ويرشدها إلى الخير ، ويهديها سواء السبيل ، ويعصمها من الغرور بالقوة ، والانحراف إلى الشَّهوات ، ويمدَّ أصحابها بالخشية من الله ، و لاسيَّما أن السلطة تغري بالفساد ، والقوة تغري إلى بالفجور والطغيان :  كَلاَّ إِنَّ الاِنْسَانَ ليَطْغَى أَنْ رَآهُ اسْتَغْنَى  (العلق :7،6).
ومن الخير كذلك،أن تدخل السِّياسة في الدِّين ، لا لتتخذه مطيّة تركبها ، أو أداة تستغلها ، ولكن لتجعله قوة هادية تضيء لها طريق العدل والشُّورَى والتَّكافل ، وقوَّة حافزة : تبعثها لنصرة الحق ، وفعل الخير ، والدَّعوة إليه ، وقوَّة ضابطة ، تمنعها من اقتراف الشُّرور ، والإعانة على الفجور.
وإذا كان هذا يقال في الأديان بصفة عامة ، فإن الاسلام – بصفة خاصَّة – لا يقبل هذا الفصام ، بين الدين والسياسة ، أو بين العقيدة والشريعة ، أو بين العبادات والمعاملات ، أو بين المسجد والسُّوق ، أو بين الإيمان والحياة .
وهذا ما مضى عليه تاريخنا ثلاثة عشر قرنا أو تزيد ، حتى دخل الاستعمار الغربي بلاد المسلمين ، وتحكم في مصايرها .

« Il n’y a pas de séparation entre la politique et la Religion.

« Il est souhaitable, que la Religion intervienne en Politique, l’oriente vers plus de justice et de vérité, la conduise vers le bien, lui indique le droit chemin, la prémunisse contre un recours inconsidéré à la force et contre les déviations vers les jouissances et incite ses acteurs à craindre Allah, tant il est vrai que le pouvoir est tenté par la corruption et la force, par la dégradation des mœurs et la tyrannie. « Prenez garde ! Vraiment, l’homme devient rebelle. Dès qu’il estime qu’il peut se suffire à lui-même (à cause de sa richesse) sourate 96, verset 96-97 ».

« De la même manière, il est souhaitable que la Politique intervienne en Religion, non pas pour l’apprivoiser ou l’instrumentaliser, mais pour en faire une force sereine susceptible de lui éclairer la route de la justice, de la consultation et de la complémentarité et comme une force de pression pour prévenir toute déviation vers le mal et la débauche. Et, si tout ce qui précède est vrai pour toutes les Religions, il l’est, davantage, pour l’Islam, parce qu’il refuse toute séparation entre Religion et Politique, entre théologie et charria, entre les cultes et les relations sociales, entre la mosquée et le marché, entre la foi et la vie ».

« Telle était notre histoire pendant treize (13) siècles jusqu’à ce que vienne le colonisateur, qui a tout transformé, de fond en comble ».


B. LES MALICES DE L’HISTOIRE

L’attitude des chefs religieux, à travers l’histoire, a toujours correspondu, à ce qu’Aristote décrit, à sa manière, et qu’a incarné Serigne Babacar Sy toute sa vie. C’est cette attitude-là qui leur a valu les suspicions des autorités coloniales, prises d’une réelle phobie à l’endroit des chefs religieux qui prônaient, pourtant, la paix sociale. Elles ont produit une abondante littérature de mise en garde à leur endroit. Ainsi, Maurice Ansiaux, dans : ’’ Les confréries musulmanes et la politique’’, publié par la Revue Belge en 1891, faisait l’appréciation angoissée suivante : « ce péril imminent (les confréries) et qui grandit tous les jours compromet les progrès de la civilisation, notre grande patrie ; aussi ne pouvons-nous pas envisager sans anxiété la marche ascendante des ordres religieux musulmans. Ce sont des ordres en effet dont nous avons à redouter la puissance et l’influence sans cesse croissante. Ils constituent au sein de cet Islam qu’on se plait à représenter comme irrémédiablement déchu, des éléments capables de le régénérer et de lui donner une vigueur nouvelle. A l’heure actuelle leur développement atteint des proportions plus qu’inquiétantes, leur adhérence rencontrée sur toutes les terres musulmanes ; on les trouve en abondance dans tout le nord de l’Afrique ; et ils ne sont pas moins nombreux dans l’empire turc et ses possessions ; enfin il marche à la tête du mouvement d’expansion musulmane qui se produit avec tant de force dans l’Afrique centrale et occidentale. Nous devons connaître les différents éléments de leur puissance dont l’étude seule nous permettra de conjecturer ce que l’avenir tient en réserves ».

Cette force des ordres soufis était due à la valeur de leurs chefs, leur intelligence et aussi leur grandeur d’âme, dans la façon de gérer chaque situation. Ils refusaient de perdre leur âme et c’est cette même grandeur qui forçait le respect des populations mais également celui des autorités coloniales. Le même Maurice Ansiaux de continuer « on voit bien combien l’organisation des ordres est habilement conçue. Ils puisent leur force dans la rigueur et la discipline, celle qui à son tour trouve sa source dans la religion elle-même, qui impose l’obéissance à tous ses frères chez qui la foi est ardente. Des sociétés ainsi organisées sont capables de faire de grandes choses et les hommes qui les dirigent disposent d’une véritable puissance. On peut poser en règle que la plupart des chefs d’ordre sont des gens d’élite. Ce fait explique aisément si l’on observe avec quel soin on procède au choix des cheikh. Le mode d’élection diffère selon les ordres, mais presque partout il assure les fonctions suprêmes au plus capable. Entre les mains d’hommes supérieurs, les confréries deviennent mille (1000) fois plus dangereuses encore. C’est donc et presque exclusivement la personne même de ces grands chefs qui nous intéresse».

Autant de qualités qui faisaient peur aux autorités coloniales qui disaient à l’instar Maurice Ansiaux : « On ne saurait méconnaître, après quelques considérations, combien les religieux sont redoutables ; combien ils compromettent la stabilité du gouvernement colonial. Ils ont, pour eux, la force numérique, la discipline et des chefs de valeur ».

Les confréries forcèrent le respect par la qualité de leurs chefs et leur degré d’organisation. Ces mêmes qualités expliquent le respect et l’admiration dont, les cheikhs que de la Tijanya jouissent au Sénégal, et que Serigne Babacar Sy incarne au plus haut.

Par Serigne Mansour Sy Djamil
Samedi 31 Mars 2018






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