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Serigne Sidy Moctar Mbacké, Mon père, sama bayu xol, mon ami Ina lilahi wa ina ilayhi raji’un - Par Serigne Mansour Sy Djamil






Serigne Sidy Moctar Mbacké, Mon père, sama bayu xol, mon ami Ina lilahi wa ina ilayhi raji’un - Par Serigne Mansour Sy Djamil
Aujourd’hui, le Senegal tout entier toutes confessions confondues, la ummah islamique, pleurent la disparition d’un guide exceptionnel qui, par sa générosité, sa lucidité, et son sens des responsabilités, a su gagner les cœurs de milliers d’hommes et de femmes d’ici et d’ailleurs.

Et c’est de cela qu’il s’agit : assumer ses responsabilités vis-à-vis de l’héritage de Cheikh Ahmadou Bamba face aux exigences du monde moderne tel que évoqué dans le Coran (Surat Al Ahzab- Les coalisés S33, v72-73): « Nous avions proposé aux cieux, à la terre, et aux montagnes la responsabilité (de porter les charges de faire le bien et d’éviter le mal). Ils ont refusé de la porter et en ont eu peur, alors que l’homme s’en est chargé ; car il est très injuste envers lui-même et très ignorant. Il en est ainsi afin qu’Allah châtie les hypocrites, hommes et femmes et les associateurs et les associatrices et Allah accueille le repentir des croyants et des croyantes. Allah est Pardonneur et Miséricordieux ».

Cette responsabilité d’injonction divine, Cheikh Sidy Moctar l’a assumée de la plus belle manière avec courage et détermination. Le regretté Khalife a laissé son empreinte par ses prêches où il appelait à la solidarité entre toutes les confréries et toutes les confessions. Dans sa stratégie cognitive de communication, qui était d’une simplicité désarmante, il disait toujours que les Tidjanes et les Mourides, ainsi que les autres confréries, avaient le même Dieu, le même islam, la même qibla, les même cinq prières, le même ramadan et le même pèlerinage à la Mecque.

Vérités limpides qui méritent qu’on se les rappelle à chaque instant ; message important de par son contenu et de par son porteur : le Khalife général d’une confrérie dont le fondateur Cheikh Ahmadou Bamba est la fierté de tout un peuple.

Ibn Taymiyya affirme sur la base du Coran et de la Sunnah que la valeur d’un pouvoir est déterminée par les qualités morales personnelles des hommes qui assument le pouvoir et non par la nature des institutions. Il dit dans la première épître relative à la khilafa et à la royauté : « si le détenteur du pouvoir est sain, alors les affaires des hommes le seront également ; mais s’il est corrompu, alors les affaires des hommes le seront tout autant ».

A l’appui de cette vision personnaliste, Ibn Taymiyya cite d’autres hadiths tels que celui qui évalue la valeur d’un dirigeant, à son caractère bienveillant et à sa proximité avec le peuple : « vos meilleurs dirigeants sont ceux que vous aimerez et qui vous aimeront, que vous bénirez et qui vous béniront ».

Cheikh Sidy Moctar est l’incarnation de cette vision d’Ibn Taymiyya des pouvoirs spirituel et temporel. Il était sain, et c’était un saint que nous aimions et qui nous a aimés et qui nous a toujours bénis. C’est ce lourd héritage que notre père Serigne Mountakha Bassirou aura à perpétuer. Nous lui souhaitons de disposer de l’abnégation et de la foi nécessaires pour continuer la mission de Serigne Touba, à l’instar de ses pieux ancêtres et devanciers.

Je suis meurtri devant la disparition d’un cheikh qui était une chance pour le Sénégal surtout à l’heure actuelle, où nous avons besoin d’humilité et de sens de dépassement pour davantage de cohésion nationale ; qualités qu’incarnait pleinement Cheikh Sidy Moctar Mbacké. Grand rassembleur, nous lui devons aujourd’hui de célébrer les fêtes religieuses musulmanes en communion.

Il me disait souvent durant le Gamou de Louga: « japal ni fofu nga nekk ca Louga man nga fa nekal ; fi ma nekk ci Touba yaw la fi nekal ». Serigne Sidy Moctar ne se limitait pas à nous enjoindre l’union et l’unité, mais il le vivait et l’incarnait. Il a traduit dans les faits et dans sa vie, le poème testament de Cheikh Abdou Aziz SY Dabakh: « ki nan Touba ak Tivaouane ñari dawla lanu … sen dawla jitu nafi ».

Par ma voix, toute la famille et la hadara de Seydi Djamil regrette un Grand homme, un homme généreux qui a partagé nos joies et nos peines. Cheikh Sidy Moctar m’a toujours témoigné une grande affection que je sais pure et sincère, car venant d’un homme pur, un homme de Dieu, petit-fils de Serigne Touba. Cheikh Sidy Moctar ne manquait jamais de se faire représenter au Gamou Seydi Djamil de Louga et c’est lors de ce gamou l’année dernière qu’il m’envoya dire : « yay sama domu xol » ; message qui m’a profondément touché et qui a ému toute la hadara de Seydi Djamil. Le dernier message qu’il m’a transmis était de lui rendre visite de temps à autre, parce que daf may nam. Signe de grandeur, de hauteur et de profondeur qu’un homme de cette dimension - pétri de piété, illuminé par l’incandescence spirituelle de son grand-père Cheikh Ahmadou Bamba, abreuvé aux sources intarissables du soufisme- laisse libre cours à ses sentiments à l’endroit d’un fils qu’il veut encourager dans la voie qu’il a empruntée. Il me disait toujours à travers ses messages : « tu es l’incarnation vivante de ce que je souhaite pour le Sénégal: l’unité de l’ensemble des confréries ».

Sénégal ñak na, waye man itam ñak na sama bayu xol. Je me rappelle au moment de la création de Bës Du Ñakk, alors que j’étais parti en discuter avec Serigne Mansour Borom Daradji, celui-ci me demanda d’aller, avant toute chose, solliciter les prières de Cheikh Sidy Moctar parce que, me dit-il, « cer bi ma am ci yaw la sa baye ba ca Touba am ci yaw », il est ton père tout autant que je le suis. Je fus alors le trouver avec une délégation du Ndiambour à Nganda où il était en retraite ; mais il n’hésita pas à nous recevoir chaleureusement. Je fus subjugué par sa bonté et sa simplicité mais aussi une générosité et une humilité qu’il justifiait par le fait qu’à travers ma personne, il voyait Seydi Hadji Malick et qu’il se devait donc de me réserver les mêmes privilèges de l’hospitalité qu’il aurait rendue à ce dernier. Ce jour-là, il m’offrit beaucoup d’argent et quand je lui répondis que matuko, il rétorqua : « matuko bo deg rek mat nako » ; encore une grande leçon.
Durant cette rencontre, il me parla beaucoup de mon père qu’il connaissait déjà depuis 1946, avant ma naissance. Il me présenta aussi son fils Serigne Moustapha qui, me dit-il, était mon jumeau parce que nous étions nés la même année. Il le fit revenir des champs pour nous présenter et pour établir entre nous des relations qu’il a scellées et bénies dans une quête continue d’unité, de cohésion et de communion, par des actes nobles.

Au nouveau khalife général des mourides Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, à mon jumeau Serigne Moustapha et à l’ensemble de ses frères et sœurs, oncles et tantes, cousins et cousines, à toute la communauté mouride et au-delà, à tous les sénégalais de toutes les confessions, je présente mes condoléances les plus attristées ; et avec eux je partage la même affliction.

Au chef de l’Etat et à toutes les institutions je présente mes sincères condoléances car nous partageons le même défi pour que l’exemple de paix, de cohésion nationale, de générosité et de prospérité que Cheikh Sidy Moctar nous a légué puisse à jamais inspirer nos actes de tous les jours.

Le grand philosophe allemand Nietzsche disait qu’on peut mourir et être immortel, Serigne Sidy Makhtar est parti mais il restera à jamais avec nous par sa noblesse. Yalla na yalla yok leram.


Serigne Mansour Sy Djamil

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Jeudi 11 Janvier 2018






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