« Ndiol Fouta », c’est le nom que lui attribuent souvent bon nombre de sénégalais, surement en souvenir de ses brillantes études à Thilogne dans la région de Matam au nord du pays. Pourtant, Mame Abdou Aziz Sy « Dabaqh » (RTA) aurait préféré qu’on l’appelât Serigne Babacar dont il portait le nom. En effet, il se raconte qu’un jour, après avoir observé pendant quelques minutes que Pape Serigne Mbaye ne répondait pas aux interpellations par ce pseudonyme, Mame Abdou avertit l’assistance : « D’autant plus qu’il ne réagit pas lorsque vous dites « Ndiol Fouta », je vous supplie de ne plus l’appeler ainsi. Je lui ai donné le nom de mon frère, ami et marabout, Serigne Babacar Sy et par ce nom je voudrais que vous vous adressiez à lui ! ».
Avec son allure élancée rappelant celle de Mame Maodo, cet intellectuel arabophone, privé des années glorieuses de Tivaouane est envoyé passer onze années de sa tendre jeunesse à Thilogne au Fouta pour être formé auprès du grand érudit Seydi Thierno Abdou Khadre Ly, en compagnie de son jeune frère, Son Excellence Serigne Cheikh Tidiane Sy (actuel ambassadeur du Sénégal en Arabie Saoudite). Ceci va lui permettre de parler couramment la langue de mon homonyme Cheikh Oumar Foutiyou Tall. Il arrive ainsi à faire des dictons et à raconter des anecdotes en Pulaar, ou à faire des études lexicales comparatives entre le Pulaar et le Wolof. Bref il manie cette langue comme personne d’autre au Sénégal (MCA) ; ce qui lui vaut une très grande affection en milieu Halpular..
Ses conférences publiques sont très interactives. Il n’hésite pas à se prêter à un jeu de questions-réponses entre ses interlocuteurs et lui, sur la pratique religieuse. Ses vidéos d’enseignement sur des pratiques telles que le Tayammom ou la prière courent les réseaux sociaux (Facebook, Whatsapp, etc…). Avec une voix mélodieuse, il lui arrive également de chantonner les quassidas des grands érudits de Tivaouane, rivalisant ainsi avec les chanteurs les plus connus de notre époque. Son discours sur les préparatifs du mariage tels que enseignés par Seydil Hadji Malick est d’une haute facture intellectuelle. D’ailleurs, une de ses occupations quotidiennes est de reconstituer la bibliothèque de référence de Seydil Hadji Malick Sy (RTA), sur la base des ouvrages avec lesquels ce dernier a fait ses humanités. Il n’est pas rare de tomber sur des livres avec des annotations et commentaires du patriarche de Tivaouane sur les sujets qui y sont abordés et toujours en conclusion, la mention : « Tere bi amelatumako axx ». (En somme, il s’est acquitté de son devoir moral vis-à-vis du livre en le lisant en entier). Cette bibliothèque regorge également de livres rares sur tous les sujets ayant trait à la religion musulmane, y compris les attaques qui sont faites à son encontre.
Ensuite il me demande de l’accompagner. Cependant je ne m’attendais pas à ce que Mame Abdou s’arrêtât devant la maison de la personne qui avait osé le défier chez lui. Il me fit comprendre ensuite que je devais décharger moi-même ces vivres chez la personne impénitente. Depuis ce jour, « séne mame » a ôté de moi tout sentiment de haine quelconque pour mon prochain. » « Une autre fois » poursuit-il, « Mame Abdou m’invita à prendre le café avec lui. Au moment où les premiers saveurs du caféine effleurèrent mon palais, j’émis le son « Ahh ». « Séne Mame » réagit aussitôt en me rétorquant « Serigne, à partir d’aujourd’hui je te prie de ne plus boire du Café. » Sans en comprendre la raison, je m’exécutai tout en prenant mon mal en patience. Au bout de six mois d’abstinence, El Hadji Abdou m’appela à Diacksao et m’annonça « Maintenant tu peux recommencer à boire du café. Néanmoins, ne fais plus comme la dernière fois où j’ai senti en toi l’unique volonté de satisfaire un plaisir terrestre (top sa bakan ) en disant « Ahh », alors que tu dois juste apprécier ces moments comme une miséricorde qui t’a permis de pouvoir prendre ce verre et de le boire sans aucune contrainte divine. (Yalla rek nga wara guiss boy nan sa cafe). » De pareilles leçons de la vie ont forgé la générosité de Pape Serigne Mbaye Sy Abdou.
En outre, le déplacement que vous avez effectué de Tivaouane à Fass puis à Sacré Cœur, ce Jeudi 17 Août 2017, jour de mon départ, me touche profondément. Yalla nala Yalla Faye Yiw té sambal la sa niabot, lafal la thiat, ci darajay Rassouloulah (SWT).

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Serigne Mbaye Sy Abdou: Récit d’une vie ancrée dans l’enseignement (Par Serigne Cheikh Oumar Sy Djamil)








Sokhna Oumou Kalsoum Sy bint Serigne Babacar Sy, cette legende racontée
























