«Kooku Baba ?», Est-ce Baba ?, interrogeait Maodo Malick lors d’une de ses auditions chez le colon. L’homme était bien là, fidèle au rendez-vous. Pour dire qu’El Hadji Baba Diongue était toujours prêt à subir le même sort que son maitre. Il s’agit là comme d’un serment d’honneur qu’il ne viola jamais.
Confié au guide juste après ses premières humanités auprès de Tafsir Ahmed Sarr Ndiaye Sarr, El Hadji Baba Diongue était un étudiant hors-pair, puis était vite devenu un pion essentiel dans le dispositif de Maodo. Investi missionnaire, il prenait à cœur son rôle et fut exemplaire dans la tâche. L’homme alliait, en effet, discipline et humilité dans la tenue, volonté et rigueur dans la démarche.
Sa relation avec le Cheikh était particulière. En effet, l’histoire retiendra que dans un moment tendu, devant la pression de l’administration coloniale, le jeune étudiant était plus que jamais déterminé à accompagner son maitre. Son engagement était sans appel et sa loyauté finit par convaincre Maodo dont l’admiration pour le jeune homme prenait des dimensions. El Hadji Baba Diongue était un homme complet qui méritait, désormais, reconnaissance et respect.
A 31ans, en 1907, il reçut enfin le Lidjaza des mains de son maitre qui le libérait ainsi avec une telle récompense et l’investissait à Podor ou il ouvrit un daara. Un lieu de culte des connaissances et des bonnes valeurs à la hauteur de l’homme qui gagna très vite en renommée et en performance.
La saga d’El Hadji Baba Diongue ne s’arrêta pas là. A Podor, sa mission n’était pas de tout repos. En effet, ses relations avec le colon s’annonçaient difficiles. Toutefois, grâce à son intelligence, son sens de la dignité et sa sagesse, cet homme de Dieu a réussi à s’imposer dans son fief ou l’administrateur a fini par se plier devant la haute posture du nouveau Cheikh. N’ayant pas cédé aux intimidations, El Hadji Baba Diongue n’a pas non plus été une gêne pour ses cohabitants. Avec les plus grands honneurs, le Moukhadam de Podor était reconnu comme l’une des plus grandes figures de la résistance pacifique. Il s’est fait discret mais ardent défenseur de la Tarikha Tidjiane jusqu’à sa disparition en 1952, lorsqu’il laissait derrière lui, un héritage lourd de symboles à Podor qui est, désormais, un joyau religieux dont l’influence est légendaire.

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[YOONOU TIVAOUANE...] Le Portrait du jour: El Hadji Baba Diongue, maitre de «cœur» et homme d’honneur

Sokhna Oumou Kalsoum Sy bint Serigne Babacar Sy, cette legende racontée
























