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CONTRIBUTION - La situation matrimoniale de Cheikh Seydi El Hadji Malick SY selon Paul Marty : calomnie ou erreur de bonne foi ? (Par Pr Issa Faye)






Etudes sur l’Islam au Sénégal publié en 1917 est une référence incontournable pour une connaissance des réalités de l’époque : qu’il s’agisse des foyers comme des personnalités les plus significatifs de l’Islam Sénégalais d’alors. Pour autant, lorsque l’on ne veut faire qu’œuvre scientifique, dans le respect des règles méthodologiques et épistémologiques propres aux sciences sociales, il est de bon aloi d’avoir une distance critique vis-à-vis de cette œuvre dont la place éminente n’en fait pas pour autant une œuvre parfaite, un coran.

D’ abord, n’oublions pas que l’objectif de l’ouvrage n’était pas académique mais bien un usage « professionnel », administratif même. C’est un ouvrage colonial et cela peut bien être son tendon d’Achille, sa faiblesse, en même temps, cet usage « pratique » peut en faire sa force, vu que l’objectif était d’orienter les décideurs par une meilleure connaissance des réalités de l’Islam Sénégalais. Quel que soit le penchant qu’on aurait, encore faudrait-il apporter des arguments suffisamment solides plutôt que de simples paroles, étant donné que l’oralité a aussi des limites, en science. En effet, beaucoup confondent « récit » et « histoire ». Le récit communautaire ou familial est un construit, il bouge selon ceux qui le racontent car ceux-là ne manquent jamais de l’affiner, de le rendre digeste et à même de répondre aux intérêts de la communauté. L’histoire est plus stable, parce que figé, fixé dans un texte qui finit par devenir un référentiel…Si des reproches peuvent être faits à une histoire rapportée, ces reproches doivent être plus rigoureux que les faits incriminés.Les sciences sociales nous ont enseigné ce que l'on appelle la triangulation des sources, pour valider ou non une donnée lorsqu'il existe d'autres qui la contredisent.

A mon avis, il peut être reproché à l’ouvrage de manquer d’être explicite sur la méthode et les techniques de collectes d’informations, de même leur interprétation peut se révéler soit erronée soit hâtive. Tout de même, l’ouvrage est une véritable mine, reste à savoir démonter les informations que l’on ne trouverait pas rigoureusement exactes.

Prenons exemple sur la façon dont Marty présente la situation matrimoniale d’El Hadji Malick SY. Marty écrit : « El Hadji Malick a quatre femmes légitimes et un certain nombre de concubines». Pour expliquer ensuite que c'est une mode chez les marabouts et chefs indigènes… Et il se met à donner les noms des quatre femmes : Rokhaya NDIAYE, Yacine DIENG, Safiatou NIANG et Sokhna GUEYE. Mais plus rien sur les prétendues concubines, aucune précision, encore moins un nom. Est-ce rigoureux ? N’est-ce pas vague ? Il s’attèle ensuite à donner les noms des fils et des filles. Les rattacher aux trois seules femmes dont les enfants ont vécu jusqu'à un certain âge est plus qu'aisé: Mame Rokhaya, mère de Seydi Abubakar et de son frère aîné, Ahmadou, martyr de la première guerre mondiale, ainsi que de leurs sœurs ; Mame Safiatou : mère de Mouhammadou Mansour, Abdoul Aziz, Habib, Ousmane (qui décéda tôt) et leurs sœurs, sokhna Yacine DIENG qui eut avec lui deux fois des jumeaux, deux garçons, et deux filles. Les Garçons Ousmane SY
et Chayh Tidiane SY décédés à bas-âge et leurs soeurs :
- Aida SY qui fut mariée à El Hadji Hady Touré, l’un des disciples du Maitre et Précepteur D’El Hadji Malick Sy d’El Hadji Abdoul Aziz SY) et Oumou Khayri SY ( marièe à son disciple El Hadji Abdoulaye Sow puis à El Hadji Amadou Ndoye, un notable lébou de Dakar).Sokhna Anta Sall GUEYE, la veuve de Abdoulaye NDOUR qui
affecta à El Hadji Malick Sy la cour de sa maison à Dakar pour les wazifa, avant l'érection de la zawiya, n'eut pas d'enfants avec le patriarche.

Il se trouve que des biographies de Cheikh ont été écrites de son vivant même avant d’autres plus tardives et aucune n’a fait cas de ce qui semble une erreur d’appréciation du chercheur voire une extrapolation d’une pratique notée ailleurs, que naïvement, il a pensé générale, hélas, sans les outils factuels pour le prouver.

Si Maodo a jugé devoir revenir sur la question du nombre légal d’épouses, dans l’un de ses deux derniers ouvrages, KIfâya- ar râghibîn, publié quelques mois avant son retour à Dieu, c’est simplement parce que lui-même n’épousait pas la pratique consistant à dépasser les quatre légales. Cet ouvrage qui se présente sous forme de fatâwâ, consacre le chapitre VI de la première partie (traduction par le professeur Ravane MBAYE, édition Al Bouraq, 2003) au nombre légal d’épouses.

La pratique en cours chez ses descendants est là pour le confirmer, nul d’entre eux, aucun de ses muqaddam, n’a épousé plus de quatre femmes.

Bref, ce débat ne peut prospérer, toutes les personnes de bonne foi reconnaissent que Maodo a toujours été, parmi les soufis, de ceux-là qui ont le plus mis en pratique autant que professé la nécessaire osmose entre la charia et la haqiqa. Rejetant toute entorse de la charia au nom de la haqiqa. «La haqiqa reste celle fondée sur la charia », écrit-il, pour dire que si l’on veut trouver des cheikh qui, sous prétexte de maqam (station spirituelle) ou de darajât ( dégrés spirituels) se sentent libérés de l’observance de la charia de façon plénière et intégrale, il faut les chercher ailleurs mais ni à Tivaouane ni parmi les pensionnaires de son Ecole qui a fourni à l’Islam sénégalais la masse critique de cadres qui ont fait essaimer la Religion d’Allah et prospérer les sciences religieuses, Ravane NGOM, Cissa TOURE et son fils Hady, Abdoulaye SOW, Baba NDIONGUE, Birahim DIOP qui a formé Ahmed Sakhir LO de Coki, Alioune GUEYE, Thierno KANDJI, Sidy Lamine FALL de Mbar (qui lui a été envoyé par son cousin Ahmadou Bamba MBACKE), pour ne citer que cet échantillon bien représentatif des milliers de maîtres qui ont été formés par lui-même ou ses anciens étudiants…

Pour conclure, je rappellerai qu’en sciences humaines, les faits sont sacrés, même si les commentaires peuvent être libres. Par conséquent, vouloir corroborer Marty (qui s’est trompé, pour dire le moins), ne sera pas facile car l’histoire a bien confirmé que Maodo n’a pas dépassé les quatre épouses légales. Vouloir prouver le contraire est impossible, d’autant que personne ne pourra donner un nom à ces concubines qui n’existent pas. Encore une fois, prenons cet ouvrage pour ce qu'il est, comme les langues d'Esope, il y a du bon et du moins bon...

Issa FAYE
Cellule zawiya tijaniyya

Asfiyahi.Org
Lundi 8 Juin 2020






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1.Posté par fall le 11/06/2020 22:44 | Alerter
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merci Pr de cet éclairage. moi je l'avait remarqué en lisant un passage de ce livre.
bonne foi ou mauvaise foi! Paul Marty n'a pas dit la verité.

2.Posté par Sow le 13/06/2020 15:24 | Alerter
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J'ai bien apprécié la démonstration des arguments.
Merci

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